Quand on quitte La Nouvelle Orléans, on arrive très vite dans un paysage de champs et de marais, le bayou, où les arbres sont au milieu de l'eau.
C'est là que les riches blancs exploitants, français beaucoup au départ dans cet état, ont fait trimer, souvent jusqu'à la mort, les esclaves africains, arrachés à leur continent, pour leur savoir-faire dans la culture de la canne à sucre notamment, parfois dans un artisanat particulier, leur résistance à la chaleur, à ce climat, pour leur force... et pour leur isolement, car leur loin de leur terre, loin de leurs familles (car on prend soin de séparer les familles, les ethnies), leur possibilité de se regrouper pour se rebeller est profondément affaiblie. Rien n'est laissé au hasard dans ce système de traite des noirs.

Dans cette maison créole de la Laura plantation, aujourd'hui devenu un lieu témoin de l'histoire, la visite de pièces en pièces nous fait découvrir, la vie des personnes y habitant : les maîtres blancs, (la mère qui assoie leur richesse, ses quatre enfants qui eux-mêmes y installent leur famille), les esclaves domestiques qui sont dans l'intimité de cette famille à laquelle ils appartiennent, et puis l'extérieur, avec les baraques où principalement les agriculteurs noirs sont contraints de se faire une place pour survivre.
Les talents de conteur de notre guide francophone, aux apartés créoles, mettent à découvert les interactions entre ces différentes catégories de personnes : des enfants naissent métisses, "mulâtres", de ces relations de domination et de violence mais sans aucune légitimité, ni reconnaissance. Parfois, certains esclaves parviennent à se faire affranchir, mais loin de leurs repères et de leur monde et parfois attachés par les nouveaux liens qu'ils ont tissés là où ils ont vieilli, ils restent dans le lieu qui les a exploités, mais libres. Notre guide Joseph nous le répète à plusieurs reprises : "tout ce qui compte, c'est le fric". Toute l'économie de ce Nouveau monde repose alors sur l'esclavage : l'esclave est la valeur la plus sûre où investir ; on a besoin de sous, on vend un esclave ; on veut gagner de l'argent, on trouve des esclaves forgerons, menuisiers... et on les loue aux autres plantations ; vous devez de l'argent à la banque (située loin des états du sud, à New York, Boston, dans les grandes villes du nord est), elle saisit vos esclaves...
On ressort de ce cheminement dans l'inhumanité avec, a minima, une raideur dans le dos. Je ne sais pas bien ce que Bébé Love en aura capté mais elle aura été captivée d'un bout à l'autre de la visite. Joseph, pour la féliciter de son attention et de sa discrétion, lui a même laissé choisir un cadeau dans la boutique : et c'est comme ça qu'en souvenir de ce passage, on se retrouve avec un mini canard-licorne qui flotte dans le bain...
A la Withney plantation, la visite se déroule à son rythme avec un audio-guide dans la langue que l'on souhaite. Ici, c'est un musée de l'esclavage qui a été conçu et c'est aussi un lieu de mémoire, où une avocate a documenté la vie de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants esclaves et a fait graver les noms qu'elle a pu identifier sur des murs en granit.
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